Invincibilité financière

Nuages gris au-dessus de la rive du Lac Ontario en hiver.

Jeune, on se sent invincible : on prend des risques sans se soucier des conséquences à notre santé (grimper des arbres, descendre en toboggan près de poteaux, sauter en bas d’une falaise, etc.). Plus vieux, quand les responsabilités familiales s’ajoutent et que les conséquences des accidents sont mieux connues, la plupart des individus deviennent plus prudents. 

Par contre, le sentiment d’invincibilité financière, soit l’effet qu’un salaire confortable nous procure, semble nous habiter beaucoup plus longtemps. Comme si, à cause de ce revenu, il n’y avait pas de risque à dépenser ni d’urgence à épargner.

Musique à écouter pendant ou après la lecture de ce billet (il se peut que l’écoute simultanée ne soit pas possible): Andrea Lindsay et Luc De Larochellière chantent Si fragile pendant le confinement

On marche sur l’or ou sur l’argile,
Dépend de ce qu’on a reçu
On reste tout aussi fragile
– Luc De Larochellière, Si fragile

Pourquoi ce sentiment d’invincibilité financière perdure-t-il? 

Avez-vous déjà vu une publicité vous invitant à faire de la bicyclette sans casque et sans mains sur les guidons dans une rue achalandée? Probablement pas. Avez-vous déjà vu une publicité vous invitant à acheter une auto plus performante, un manteau dernier cri, ou un téléphone plus mince? Voyez-vous par la fenêtre la télévision géante du voisin?  En se comparant à ce qui est proposé, soit par le marketing ou par les acquisitions des voisins, on perd facilement la notion de gestion du risque financier.

Un scénario typique

Pendant la pandémie, on lisait de plus en plus d’histoires de gens avec des problèmes financiers. Mais d’abord, soyons clairs : ce billet ne s’applique pas à toutes ces personnes. Le sentiment d’invincibilité financière nécessite en partant d’avoir un revenu stable, au-dessus du seuil de pauvreté.

Cela étant dit, voici un scénario récurrent : 

La personne a des dettes de consommation — en plus du prêt hypothécaire, du prêt auto et parfois du prêt étudiant — telles que soldes sur des cartes de crédit et prêt pour des meubles, genre « achetez maintenant, payez plus tard ». Survient alors un premier événement négatif, par exemple une maladie qui empêche de travailler un certain temps, une mise à pied temporaire, un divorce, une grosse réparation pour la maison, ou une chirurgie pour un animal de compagnie. Ce n’est pas fatidique, mais cela a pour effet de maximiser les soldes des cartes et les marges de crédit.

Puis, avant d’avoir pu effacer ces nouvelles dettes, survient un deuxième malheur hors de son contrôle, comme une catastrophe naturelle… ou une pandémie. 

Dans ce cas, l’aide gouvernementale ou les assurances peuvent parfois suffire pour se maintenir à flot. Mais certains n’y arriveront pas.

Citation relative à invincibilité financière: Un revenu confortable peut malheureusement nous procurer un sentiment d’invincibilité financière, soit qu’il n’y a pas de risque à dépenser ni d’urgence à épargner. Arrière-plan : nuages gris au-dessus de la rive du Lac Ontario en hiver.

Solutions d’urgence

C’est facile de voir comment on aboutit à cette situation. Plus jeune, il nous est arrivé, suite à un peu trop de rénovations, achats et voyages, de devoir maximiser une marge de crédit pour payer nos cartes de crédit. Nous avons été chanceux et n’avons pas subi de malheur. Nous avons donc pu effacer cette marge, payer notre prêt hypothécaire, et même vivre sur un seul salaire pendant cinq ans.

L’invincibilité financière c’est de croire que cette chance va toujours durer. Mais même Superman a son point faible.

Alors que faire si on se retrouve dans une situation critique? Ce n’est pas notre expertise, mais nous avons placé en fin de billet, quelques liens vers des ressources utiles.

Enfin, voici quelques façons de réduire les chances de se retrouver dans une situation d’urgence financière.

5 conseils pour une confiance budgétaire

Le risque zéro n’existe pas, cependant, si l’on a un revenu adéquat, on peut se bâtir une confiance qui nous permet de dormir la nuit. C’est certainement plus facile quand on commence jeune, mais il y a des choses à faire à tout âge.

1. Commencer jeune : prendre l’habitude d’épargner

Un bon moyen d’apprendre à épargner c’est par l’exemple. L’on peut apprendre jeune l’importance d’épargner avec nos parents ou d’autres membres de notre entourage.  Si ce message est repris à l’école, il y a plus de chance que l’individu se mette plus tôt à l’épargne. Parfois, c’est un livre ressource offert au bon moment lors d’une transition dans la vie qui peut faire la différence. The Wealthy Barber de Dave Chilton, reçu alors que nous étions jeunes mariés, a été marquant dans notre vie de couple. D’autres éditions sont parues depuis.

 Dans notre billet sur l’argent de poche pour les enfants, nous partageons une suggestion pour développer l’habitude d’épargne chez les jeunes.

L’article « Les Québécois sont devenus des écureuils » en fin du billet présente les statistiques de comparaisons sur les épargnes et dettes des différentes provinces au Canada. Le Québec semble avoir le mieux compris l’importance de l’épargne suite à la pandémie.

2. Prévenir : se doter d’un fonds d’urgence

Les conseils quant aux approches et aux montants sont variés, mais en général la recommandation est d’avoir une réserve qui couvrirait toutes les dépenses pendant 3 mois. La pandémie a démontré que personne n’est à l’abri d’une soudaine perte d’emploi et que même si le gouvernement offre de l’aide, il y a une attente avant de la recevoir.

Ce fonds d’urgence devrait pouvoir être accessible sans pénalité (donc pas un fonds de retraite enregistré), mais séparé de votre compte courant. Au Canada, le CELI peut être un bon outil pour votre réserve.

3. Réfléchir avant d’agir : prêt hypothécaire

Lors de l’achat d’une maison, le réflexe est souvent d’emprunter le maximum que la banque nous alloue. Il est plus sage de se donner un coussin financier dès cette décision majeure, quitte à acheter un logement moins cher. Donc, prendre un prêt hypothécaire plus petit que le montant maximal proposé permet de réduire nos obligations mensuelles et de libérer des fonds pour d’autres priorités.

Et puis, il ne faut pas bouder la location d’un logement. Ce peut demeurer une bonne option selon vos circonstances.

4. Réfléchir avant d’acheter : les autres dépenses

Un principe de base, c’est de s’assurer de payer son solde de carte de crédit tous les mois. Lorsqu’on n’y arrive pas, c’est qu’il faut à tout prix réduire les dépenses et mettre un plan en place pour rectifier le tir. Si vous avez plus d’une carte de crédit, il y a différentes approches pour faire face à la situation.

5. Se protéger : assurance invalidité et autres assurances

Si vous avez un revenu, mais n’avez pas d’assurance invalidité fournie par un employeur, vous devriez vous en procurer une. Dans son livre « En as-tu vraiment besoin? », le comptable Pierre-Yves McSween est on ne peut plus clair : « si vous êtes travailleur autonome et que vous n’avez pas dans votre portefeuille une telle assurance, arrêtez de bouger immédiatement et appelez un professionnel! »

Il est aussi utile de faire une révision de toutes ses assurances à différentes étapes de sa vie (par exemple, vie de couple, naissances, enfants plus vieux, retraite).


Si vous avez des enfants adultes, des frères et sœurs, ou de proches amis, ce pourrait être une bonne idée d’avoir une conversation sur le phénomène de l’invincibilité financière. Pas dans un but de vous mêler de leurs affaires, mais plutôt pour susciter une réflexion. Et puis si en cours de discussion, vous arrivez à rompre certains tabous liés à parler d’argent, et bien tant mieux!

Et pour terminer, un dernier conseil évident dans un blogue minimaliste : soyez conscient de vos revenus et de vos dépenses!

Ressources :

Comparaison des solutions à l’endettement

Surendettement (Service-Public.fr)  

Les Québécois sont devenus des écureuils

Gérer votre argent lors de périodes difficiles

Difficultés financières : comment se faire accompagner

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7 commentaires

  • Je partage ce texte riche de bons conseils avec la plus jeune génération…. qui a tout avantage à en profiter. Merci!

    • Merci Josée pour ce commentaire qui m’a fait penser que la jeune génération a parfois, en plus du reste, des prêts étudiants à rembourser. J’ai ajouté une mention dans l’article.

  • Merci du billet résumant bien les pièges à éviter pour s’empêcher de sombrer dans le sable mouvant des dettes. Je partage ça avec mes fils rapidement. Parfois c’est mieux accueilli quand ça vient d’autres sources que ses parents…

    Amitié,
    Chantal

  • Merci beaucoup pour le partage de ces conseils! Au mois de juin, je prendrai ma retraite -avec une année d’avance. . Mon plus grand poste de dépense demeure le loyer: je serais prête à louer un studio dans un bâtiment bien insonorisé, mais un tel appartement est difficile à trouver à Laval et à Montréal et je désire vivre près de chez mes parents qui vieillissent. Depuis que je désencombre mon intérieur, je réalise que j’ai besoin de bien peu d’espace!

    • Félicitations pour votre choix d’une retraite anticipée! C’est à la fois une décision facile et difficile. La grandeur optimale d’un logement est en effet souvent surestimée. Surtout, vous apprendrez vite à profiter de cette nouvelle liberté et de la proximité de vos parents lorsque vous aurez trouvé ce qui vous convient comme logement.

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