L’argent de poche pour les enfants: apprendre à gérer son argent

popsicle chocolat et vanille sur fond bleu

Nous avons produit une vidéo sur ce sujet et d’autres stratégies pour aider financièrement ses enfants.

Annonce de la vidéo 5 façons d'aider financièrement ses enfants

Il y a deux sortes de parents: ceux qui, enfants, ont eu de l’argent de poche (une allocation, comme on dit par chez nous) et ceux qui étaient jaloux de ceux qui en avaient. Bon, c’est sûrement plus nuancé, mais c’était ma vision des choses comme gamine qui n’en avait pas. Si votre premier réflexe est de reproduire votre vécu, je vous invite tout de même à vous pencher sur les options discutées dans ce qui suit. 

Il y a plusieurs façons de procéder pour offrir et gérer l’argent de poche. Dans ce billet, je vous parlerai des bienfaits d’avoir un système en place, de la méthode que nous avons privilégiée avec nos enfants, et d’autres approches à considérer ou à éviter.

Musique à écouter pendant ou après la lecture de ce billet (il se peut que l’écoute simultanée ne soit pas possible): Cycles  de Dylan Philips

Bienfaits pour les enfants

Apprendre la valeur de l’argent

C’est un réflexe humain, lorsque l’on a accès à de l’argent pour la première fois, que ce soit à 8 ans ou à 20 ans, de se lancer en dépenses impulsives et de se retrouver avec certains regrets. Il vaut mieux faire des folies à 8 ou 10 ans avec de l’argent de poche qu’à 20 ans avec une carte de crédit.

L’enfant retient que lorsqu’il n’y a plus de sous, il n’y en a plus; il faut attendre le prochain dépôt. Évidemment, le parent doit maintenir cette approche s’il veut que l’apprentissage se fasse. Les discussions permettent au jouvenceau de réfléchir à ses choix : s’offrir un plaisir immédiat avec la somme qu’il a ou accumuler son trésor pour quelque chose de plus grande valeur. Les décisions favorisent l’autonomie. 

Si l’on peut être d’abord surpris par les dépenses en bonbons et babioles, il faut laisser faire notre enfant et repérer les moments adéquats pour se pencher avec lui sur l’emploi de son argent. 

En lui faisant confiance, oui, le jeune fera des erreurs, mais il apprendra et découvrira la responsabilité qui vient avec ce qu’il perçoit comme étant la richesse.

Choisir ses dépenses

Pour le parent, un des bienfaits de l’argent de poche, c’est la gestion plus facile des « achète-moi ceci et cela » en magasin. La réponse devient automatique: « Tu as de l’argent; tu peux le dépenser pour cet achat si tu penses que ça en vaut la peine. Si tu n’en as pas assez, accumule-le et tu pourras te l’offrir plus tard. » L’enfant choisit : la gratification immédiate opposée à la patience d’une future acquisition.

Comme parent, nous ne sommes plus les gros méchants; c’est lui-même qui apprend à modérer ses impulsions d’achats. Avec le pouvoir de l’argent, vient aussi un certain discernement : il y a beaucoup moins de dépenses pour des bidules même si l’attrait y est encore. Et c’est correct de s’en procurer et de se gâter avec des bonbons: ce sont des enfants.

Respecter l’épargne

Un des bienfaits qui découle d’une bonne gestion de l’argent de poche, c’est la satisfaction de pouvoir acquérir un objet plus dispendieux. C’est aussi affronter la réalité des taxes, des frais d’envoi et de la variabilité des prix.  

Cela comprend le plaisir des calculs à faire pour savoir combien de semaines seront nécessaires pour rassembler la somme requise, compter et recompter, et s’approcher de son objectif. 

Et surtout, l’enfant apprend à ne pas succomber à des tentations accessibles immédiatement, mais qui l’éloignent de l’objet convoité. Ou bien, il subit les conséquences de dépenser ses épargnes autrement que pour son intention initiale. Ce sont de réelles leçons utiles la vie durant.

Collaborer et gérer ses dettes

Il peut arriver que l’enfant n’ait pas physiquement accès à ses sous alors qu’il est au magasin. C’est une autre occasion d’apprentissage: l’emprunt.

L’enfant qui fait un emprunt auprès de ses parents lors des courses, remettra l’argent au retour à la maison en comptant ou par virement. L’idéal est que l’objet ne soit pas donné avant le remboursement. Les enfants choisissent parfois de se faire des prêts entre eux dans la famille. Ils apprennent à régler leurs comptes.  

C’est plus rare, mais l’argent de poche peut encourager une collaboration entre membres d’une même famille qui découvriront qu’un achat conjoint avec temps partagé peut être gagnant-gagnant par exemple pour un jeu ou une console. 

Notre méthode

Voici comment nous avions décidé de gérer l’argent de poche des enfants. Ils sont maintenant de jeunes adultes, donc ça ne fait plus partie de nos dépenses courantes.

Nous avions adopté cette méthode avec nos deux garçons dès un très bas âge, de mémoire 4 et 6 ans. Elle est inspirée du livre de Paul Lermitte Dollars and Sense:  A Proven System for Teaching your Kids about Money. La plus récente édition comprend des documents téléchargeables en ligne, ce qui n’était pas le cas il y a une vingtaine d’années. 

Ce système d’argent de poche a quatre éléments importants :

1. Le montant augmente avec l’âge

L’âge détermine le montant alloué et attribué de façon hebdomadaire: par exemple, à 8 ans, l’enfant reçoit 8$ ou € par semaine; on augmente d’un dollar ou euro à la fête jusqu’à ses 18 ans. Évidemment, ces montants peuvent varier selon le budget et le nombre d’enfants.

La constance dans la remise ou le transfert d’argent contribue à créer l’habitude d’épargne et à enlever l’urgence de dépenser.

2. Un moyen d’apprentissage

Dans ce système, l’argent de poche n’est pas une rémunération, mais un moyen d’apprentissage. La somme n’est pas rattachée à des tâches ménagères; elle est indépendante de ce que l’enfant fait ou non à la maison.

On partage une partie de nos avoirs pour que l’enfant grandisse avec de bonnes habitudes. C’est un investissement à long terme; comme, par exemple, on peut payer pour des cours de piano afin de développer une sensibilité à la musique. Offrir de l’argent de poche de façon hebdomadaire, c’est une première étape dans l’éducation financière de son enfant.

3. Une habitude d’épargne

25% du montant de l’argent de poche doit aller vers des économies.

Cette part était déposée dans le compte bancaire de l’enfant, souvent par un virement; il pouvait consulter son solde pour constater l’accumulation.

C’est avec cet argent épargné et d’autres revenus comme le gardiennage que nos enfants ont pu s’acheter de plus gros morceaux : un iPad, une console de jeu, un ordinateur, un téléphone cellulaire et les dépenses attenantes. Les deux ont même eu la possibilité de faire des placements et investissements afin de maximiser l’intérêt. 

4. Des dons de charité

En ayant de l’argent de poche, il est possible que l’enfant puisse apprendre à penser aux autres dès un jeune âge. Être généreux selon ses moyens fait du bien. Cela aide à comprendre la différence entre recevoir, donner et prêter. L’altruisme se développe en étant exposé aux besoins des autres que ce soit par les dons ou effectuant du bénévolat.

Un pourcentage fixe doit être distribué à une ou des œuvres de charité: nous l’avions établi à 25%. Nous faisions la comptabilité des montants et l’enfant décidait où donner: organismes qui travaillent auprès des animaux, contribution à la recherche pour une maladie d’un membre de la famille, soutien des causes appuyées par les amis.

Il est important que ce soit l’enfant qui sélectionne où vont ses dons. Cela lui permet de développer de l’empathie pour des gens ou des situations de besoin. C’est certain que s’il ne peut nommer une charité précise rattachée à son intérêt, l’on peut le guider dans son analyse sur les bienfaits et les dépenses de quelques organismes pertinents et il pourra choisir lequel soutenir.

En résumé, avec notre méthode, par exemple sur un montant de 8$, 2$ allaient à l’épargne, 2$ étaient mis de côté pour un don de charité et 4$ étaient libres de contraintes.

Une influence additionnelle de l’allocation

Une condition particulière s’ajoutait dans notre contrat d’argent de poche: sacrer (blasphémer) coûtait 1$ par juron / sacre et était déduit directement du montant alloué. Les enfants ont assez vite appris à exprimer leurs émotions autrement, la plupart du temps.

Nos garçons vous diront peut-être que les quelques blasphèmes qu’ils ont « achetés » ont valu leur coût… Cette condition a porté fruit: le langage coloré n’a pas été un problème dans la famille.

Citation relative à argent de poche: Il vaut mieux faire des folies à 10 ans avec de l’argent de poche qu’à 20 ans avec une carte de crédit. Arrière-plan: popsicle chocolat et vanille sur fond bleu
Photo : Renato Pozaić

Certaines considérations

Pour avoir plus d’argent 

Il était possible à l’occasion de participer à des corvées exceptionnelles rémunérées : peinturer les murs, lavage approfondi d’une voiture. Pour en avoir plus, l’enfant pouvait faire du tri et vendre ses jouets. L’argent gagné par des jobines n’était pas soumis aux conditions des parents.

Programmes offerts par des institutions bancaires

Plusieurs institutions financières offrent des programmes et services tels que caisse scolaire, compte pour adolescent avec cartes, compte étudiant, etc. 

Pour certains enfants, un compte bancaire c’est peut-être trop abstrait et pour eux, utiliser de l’argent comptant, ça se comprend plus. Pour d’autres, avoir une carte de débit permet de prévenir le vol. Ce peut être le cas pour un enfant qui n’a pas le sens de l’argent physique; la carte évite de se faire jouer en ne recevant pas la monnaie exacte lors d’un achat comptant.

Pour le parent, c’est plus facile quand tout est électronique, mais ce n’est pas mauvais que l’enfant s’habitue aussi à manipuler et gérer de l’argent comptant.

Possibilité d’avoir des responsabilités avec l’argent de poche 

Certaines dépenses non courantes font appel à l’argent de poche telles que billets d’autobus, essence lorsqu’on emprunte la voiture, et cadeaux (amis, famille). Aussi, pour les vêtements, si un morceau (par exemple des jeans ou espadrilles) coûte plus que ce que le parent est prêt à débourser, l’enfant peut payer la différence. 

Autres méthodes et points de vue

Il existe plusieurs autres approches et philosophies en ce qui a trait à l’argent de poche pour les enfants. 

Certains parents choisiront de le rattacher à des tâches, l’idée étant que pour avoir de l’argent, il faut travailler. Pour ma part, il me semble dommage d’associer l’aide à la maison à une rémunération.

D’autres relient l’argent de poche aux notes à l’école et/ou comportement. Cela me paraît contre-intuitif puisque le jeune qui a des problèmes à cet égard a autant besoin d’apprendre à gérer ses sous, et ce dans un environnement de soutien.

Des parents demandent à l’enfant de maintenir un carnet de contrôle où il indique ce qu’il fait avec son argent; ce qui pourrait en effet rendre les dépenses plus concrètes et s’approcher d’un budget.

Pour encourager les économies, certains parents y rattachent une récompense en argent, pas trop loin du concept de l’intérêt. Et certains se réservent un droit de regard sur les plus gros achats réalisés à partir des épargnes. 

Enfin, pour certains parents, les dons monétaires aux fêtes (souvent des parents et grands-parents) suffisent amplement pour répondre aux besoins limités d’un enfant.

Une idée proposée si l’enfant n’a pas d’argent de poche régulièrement, c’est de lui remettre un montant au début des vacances d’été pour qu’il le gère sur la durée du congé. 

Nous convenons qu’il y a plusieurs manières d’approcher l’éducation financière avec ses enfants. Pour nous, l’allocation hebdomadaire s’est avérée un excellent moyen: comme jeunes adultes, nos enfants ont géré de façon autonome l’argent mis de côté pour leurs études, et, aux dernières nouvelles, ils contribuaient encore aux charités de leurs choix.

Comme travailleurs, ils continuent de prendre des décisions monétaires éclairées et ils cherchent souvent à discuter d’argent, de bonnes pratiques et d’investissement avec nous. Ces échanges sont d’autant plus bénéfiques pour nous puisqu’ils nous font part de leurs découvertes et actions, parfois différentes des nôtres.

L’important, c’est de s’assurer de dialoguer avec l’enfant et créer des occasions afin qu’il comprenne la valeur et les limites de l’argent. 

Vous avez d’autres réflexions à ce sujet?

Ressources:

Livre de Paul W. Lermitte Dollars and Sense:  A Proven System for Teaching your Kids about Money

McSween, Pierre-Yves & Jetté, Paul-Antoine. L’argent, Crois-le ou non. Guy Saint-Jean Éditeur, 2024, 126 p.

Livre de Fabien Piombini pour les 3 à 10 ans La gestion de l’argent pour les enfants (disponible sur Amazon)

Parmi nos vidéos:

Annonce de la vidéo Avoir su...
Annonce pour la vidéo Parler d'argent dans le couple. Michel et Julie avec argent et cartes de crédit dans les mains devant un mur de pierre

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11 commentaires

  • Nous aussi à un très jeune âge, nos 3 enfants géraient leur propre argent. Quand on les a emmenés en Floride, ils devaient avoir sauvé 20$ durant leur année pour pouvoir participer au voyage: tous les 3 l’avaient!
    Lorsqu’ils approchaient l’âge de 16 ans, s’ils ramassaient 1,000$ avec leur emploi à temps partiel, nous y ajoutions la même somme (1,000$) pour qu’ils puissent s’acheter une voiture car mon époux avaient un garage d’autos usagés donc il pouvait leur trouver une voiture pas pire pour ce prix (ils ont entre 40 et 50 ans aujourd’hui).

    • Merci Monique pour ces exemples concrets de ce que les enfants et parents peuvent faire avec l’argent de poche. Je suis certaine qu’ayant payé la moitié de leur voiture, les enfants l’ont davantage appréciée et soignée.

  • Très bonnes idées pour apprendre aux enfants à bien gérer leur argent! Tellement important de faire cet apprentissage tôt dans leur enfance!

    • Merci Diane. Ça demande un engagement de la part des parents mais les apprentissages et l’autonomie qui en découlent en valent la peine.

  • Bonjour,
    Je vous remercie beaucoup pour cet article très intéressant. Je suis allée il y a peu à un conseil d’école dans celle de ma fille (en CE1, bientôt 8 ans). Les institutrices étaient un peu catastrophées : les enfants ne savent plus utiliser les objets de mesure : mètre ruban, règle, balance, verre à mesurer; ils ont du mal à compter de l’argent…
    Moi vers 13 ans j’avais une somme d’argent mensuelle avec laquelle me payer vêtements, chaussures, sorties et fournitures scolaires. Et avant ma mère nous disait “l’agenda à 8 euros te plait beaucoup, il y en a un correct à 6 euros. Donc soit je prends le correct à 6 soit on prend celui à 8 mais tu me donnes 2 euros.” Ça aide beaucoup à réfléchir et à prendre du recul.
    J’ai donc décidé de donner à ma fille 2 euros chaque mardi. 8 euros par semaine ça me parait beaucoup ! Je lui ai bien expliqué ce qu’elle pouvait faire avec : vide-grenier, Vinted, sorties…. Elle est passionnée d’équitation, donc je lui ai aussi dit qu’elle pouvait garder de l’argent pour le salon “Cheval Passion” de janvier pour s’y acheter des choses.
    Ce fût un vrai plaisir de l’emmener à un vide-grenier et de la voir réfléchir, comparer, demander les prix….

    • Et j’aimerai bien à nouveau donner de l’argent à des associations, mais étant au chômage c’est pour le moment compliqué malheureusement !

    • Merci pour votre partage. Il y a plusieurs façons de faire pour l’éducation financière. Le plus important demeure de parler d’argent avec l’enfant et le laisser prendre des décisions. J’aime beaucoup votre idée de lui faire penser à une activité future, le salon d’équitation, mais qui n’est trop loin dans le temps.

      • Nous sommes allés à une foire ce matin. Ma fille a craqué sur un bibelot en verre (“fait main”) ramasse-poussière à mon humble avis mais quand je lui ai dit que c’était “5 semaines d’argent de poche”, elle m’a dit “c’est trop cher, je ne le veux pas finalement !”

        • Bravo à votre fille qui commence à comprendre la valeur de l’argent! Votre travail a porté fruit!

  • Quand mes deux filles étaient petites, nous allions quelques fois par année dans un centre d’achat où il y avait une arcade de jeux mécaniques ou électroniques. Nous leur donnions des pièces de monnaie à répétition afin qu’elles s’amusent. Un jour, nous avons réalisé que leur besoin en pièces pour jouer allait en augmentant! Au prochain séjour, dans l’auto en quittant, nous leur avons remis chacune cinq dollars pour s’amuser. Quand je leur ai demandé par quel jeu elles allaient commencer, elles se sont regardées, se sont dit des secrets et ensuite, nous ont annoncé qu’elles n’allaient pas gaspiller leur argent dans les jeux mais plutôt aller à la librairie juste à côté pour s’acheter un livre!! Bonne leçon pour les parents! Excellent blog, merci!!

    • Ah, c’est tellement mignon comme souvenir et comme leçon! C’est aussi représentatif du pouvoir de laisser aux enfants l’occasion de prendre des décisions avec l’argent. Elles ont probablement passé plus de temps à lire qu’elles en aurait passé à jouer à l’arcade. Merci pour ce commentaire!

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