Ce billet aborde brièvement le défi de réduire le coût du logement sur deux plans : pour soi et pour la population. J’y combine quelques principes de minimalisme avec des constats parfois contre-intuitifs faits récemment par le magazine The Economist.
Musique à écouter pendant ou après la lecture de ce billet (il se peut que l’écoute simultanée ne soit pas possible) : Nostos par Jean-Michel Blais (avec BUFFLO)
Un toit pour soi: l’achat d’une maison
Une première question minimaliste à se poser est : de quelle superficie de logement ai-je réellement besoin? En général, plus c’est grand, plus c’est cher. Est-ce qu’une partie de cet argent serait mieux utilisé ailleurs? Par exemple, investi pour la retraite ou l’éducation des enfants.
Réduire le coût du logement c’est aussi vivre dans un espace moins grand afin de consacrer moins d’argent et de temps à l’entretien. Et comme la nature (humaine) a horreur du vide, ce grand espace ne risque-t-il pas de se remplir de choses plus ou moins utiles?
Combien puis-je me permettre pour l’achat d’une maison? Il existe de nombreux outils de calculs pour répondre à cette question, mais rappelons-nous qu’ils suggèrent le maximum que l’on pourrait obtenir en hypothèque, et non ce qui est nécessairement notre meilleur choix. Il faut surtout éviter les raccourcis. J’étais surpris de lire récemment, comme « conseils » pour les personnes qui n’ont pas assez d’argent pour la mise de fonds exigée par la banque, des trucs tels qu’aller chercher ces fonds d’un prêteur privé (à un taux plus élevé) ou auprès de sa famille. Je doute que la parenté rende service quand elle prête du love money au lieu d’encourager de bonnes pratiques financières (voir notre billet sur l’endettement).
Dans un certain sens, Julie et moi avons été chanceux quand nous avons acheté notre maison : le taux d’intérêt était de 12%. Cela a limité la grandeur de notre maison et quand les taux ont baissé, nous avons maintenu nos paiements, accélérant ainsi l’acquittement de l’hypothèque.
Enfin, il ne faut pas être obsédé par l’idée de devoir posséder son logement. Je reviendrai sur ce point.
Une ville pour tous: accès à un logement
Même si les taux d’intérêt sont bas (et en partie parce qu’ils sont bas), le coût de l’achat ou de la location est maintenant prohibitif dans plusieurs villes en Amérique du Nord et en Europe. Dans son édition du 18 janvier 2020, le magazine britannique The Economist a soulevé des inquiétudes quant à ce problème et formulé des suggestions pour réduire le coût du logement. Voici quelques faits saillants.
La ville est une structure efficace en matière d’économie et d’environnement. Mais si les travailleurs ne peuvent s’y loger, le manque de main d’œuvre a un impact négatif. Et plus les gens doivent se déplacer pour aller travailler, plus il y a de circulation et de congestion, et plus il y a de gaz à effets de serre. Vous verrez ci-dessous des liens vers un rapport sur les répercussions de l’étalement autour de Montréal et un article sur l’enjeu des loyers lors de la dernière élection fédérale au Canada.
Le prix élevé du logement est évidemment une conséquence d’une trop grande demande pour l’offre. Mais cette offre pourrait être supérieure si, par exemple, des municipalités allégeaient certaines contraintes sur les nouvelles constructions. Ces contraintes sont souvent dues aux attentes et pressions des propriétaires; quand on possède une maison ou un condo, on souhaite qu’il monte en valeur et on dira peut-être alors « pas dans ma cour » quant à de nouveaux bâtiments.
Dans certaines villes, ce sont de bonnes idées du passé qui causent aujourd’hui des problèmes. Par exemple, les ceintures de verdure créent de plus longs déplacements entre le domicile et le travail, des coûts accrus pour établir le transport en commun, et un prix plus élevé pour habiter à l’intérieur de la ceinture. Dans d’autres régions, ce sont les nouvelles idées, comme le concept Airbnb, qui font monter les prix.
Le rêve américain?
Au milieu du 20esiècle, plusieurs gouvernements ont adopté des politiques pour favoriser la propriété; pensons à l’absence d’impôt sur le gain en capital à la vente de son domicile. Ces politiques avaient pour but d’encourager une forme d’épargne pour la retraite et l’engagement des citoyens (l’électorat est heureux quand la valeur foncière grimpe). On dit même qu’être propriétaire de sa maison fait partie du « rêve américain ».
Mais, aujourd’hui, on se rend compte que ces politiques ont un coût; en plus de l’impact sur l’économie et l’environnement, cela augmente les tensions entre ceux qui peuvent vivre ce rêve et ceux qui ne le peuvent pas.
Et est-ce vraiment nécessaire pour une démocratie solide? Il semble que non, car si aux États-Unis, au Canada et en Australie, environ 65% des ménages sont propriétaires, ce taux est de 40% en Suisse.
Avec ces politiques, on en est venu à prendre pour acquis que louer est comme jeter son argent par les fenêtres. MaisThe Economist suggère que ce n’est peut-être pas le cas. En additionnant tous les coûts, la propriété n’est pas toujours la conclusion évidente. Quand on a le choix, ça peut valoir l’effort de considérer les nombreux facteurs en jeu.
Que puis-je faire?
Je ne peux pas influencer directement la macro-économie du logement et je ne me vois pas déménager dans une micro-maison. Mais, je peux toujours réfléchir à nos besoins et notre futur, être conscient de notre chance d’avoir un toit au-dessus de notre tête, ne pas trop me plaindre des taxes foncières qui accompagnent le privilège d’être propriétaire, et accepter que, dans certains endroits, il faille construire plus d’habitations.
Références
Vaut-il mieux acheter ou louer en 2021?
L’étalement urbain s’intensifie au pourtour du Grand Montréal
L’explosion du coût des loyers, un enjeu électoral
Nous avons produit deux vidéos sur la vie en van:
Voici des chaînes YouTube présentant les étapes d’aménagement de logements très minimalistes:
une micro-maison (vidéos YouTube en français)
une fourgonnette (vidéos YouTube en anglais)
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