La langue d’Un futur simple

Trille rouge dans un boisé.

Ce billet sur la langue est un aperçu de l’arrière-scène de la rédaction d’un blogue en français, en particulier quelques-uns de nos choix éditoriaux. Aussi, pour nous aider à améliorer nos textes – qui sont loin d’être parfaits – nous faisons appel à quelques outils linguistiques; je vous en parle ci-dessous au cas où ça pourrait vous être utile. 

Si vous ne l’avez jamais vue, je vous invite à jeter un coup d’œil à la vidéo de la pièce musicale accompagnant ce billet. C’est une production de l’Office national du film et décrite comme un court métrage d’animation illustrant l’amour du français et des plaines de l’Ouest canadien que chante Daniel Lavoie. Les dessins sont de Réal Bérard.

Musique à écouter pendant ou après la lecture de ce billet (il se peut que l’écoute simultanée ne soit pas possible): Jours de plaine par Daniel Lavoie

Tu ou vous?

C’est une question pour laquelle nous envions les anglophones. Combien de fois dans une vie arrivons-nous à ce point dans une relation – après quelques instants ou après quelques mois – où nous nous demandons, est-ce ce que je passe du « vous » au « tu »? 

Pour nous, la question se posait évidemment avant de publier le premier billet. Les deux sont utilisés dans la blogosphère (voilà un beau mot) et, comme dans toute autre sphère de l’activité humaine francophone, le choix est significatif. Nous avons opté pour le « vous » afin de refléter qui nous sommes et l’auditoire que nous croyons rejoindre, quitte à perdre un peu de familiarité.

Blogue ou blog?

Ici aussi, les deux sont utilisés dans la Francophonie. Nous avons choisi « blogue », car c’est ce qui semble privilégié au Canada.

Régionalismes 

Les statistiques de fréquentation de notre site web indiquent que nos lecteurs proviennent en premier lieu de France, suivi de près du Canada, puis, en plus petites proportions, de la Belgique et de la Suisse, et ensuite d’une variété de pays.

Même si tous nos lecteurs lisent le français (ou utilisent le traducteur de leur fureteur), nous devons quand même relever le défi de nous faire comprendre de tous sans perdre de notre couleur. Un blogue se veut personnel, c’est-à-dire refléter le vécu des auteurs dans un style plutôt familier.

Le logiciel Antidote nous fait constater que nous utilisons souvent, sans le savoir, des expressions propres au Québec (sans parler de nos tournures franco-ontariennes). Il s’agit alors de faire le choix de conserver une telle expression pour refléter qui nous sommes ou de la changer pour s’assurer d’être bien compris. Ce choix nous l’effectuons au cas par cas. Par exemple, nous employons « fin de semaine » au lieu du mot « weekend » utilisé en Europe, mais nous allons écrire « usé » et non « magané » et, lors d’une récente mise à jour d’un billet, nous avons remplacé « barda » par « fouillis ».

On ne cesse jamais de découvrir les particularités de la langue française. Arrière-plan: trille rouge dans un boisé.

Féminin et masculin

Voilà un autre aspect de la grammaire où les anglophones ont la vie facile. Pour nous, ce point est en évolution. Nous avions originalement choisi de tout écrire au masculin pour simplifier les choses. Nous commençons maintenant à ajouter .e quand nous nous adressons spécifiquement à vous, afin que les lectrices s’identifient davantage à nos propos.

La ponctuation : les deux points et les « guillemets français »

Vous avez peut-être remarqué – sinon vous allez maintenant le remarquer – que parfois nous avons mis un espace avant les deux points ( : ) comme le veut la norme en français, et d’autres fois, nous n’avons pas mis d’espace (la norme en anglais). 

Nous écrivons nos textes en utilisant le logiciel Word; il met automatiquement l’espace avant les deux points. Mais les logiciels de sites web et d’infolettres ne sont pas assez intelligents pour reconnaître qu’en français, ces deux points doivent demeurer avec le mot qui les précède. Ainsi, selon l’écran que vous utilisez pour lire le texte, les deux points peuvent se retrouver tout nus au début d’une ligne. Nous n’aimons pas ça. Nous vivons donc un conflit non résolu. Imaginez, comme dans les bandes dessinées, l’ange bleu au-dessus de ma tête qui me dit « Michel, tu sais que le bon usage est de laisser cet espace » et le démon rouge qui arrive et dit « Michel, ça va être laid sur un écran! Enlève l’espace! ».

Le même conflit existe pour les guillemets français. Pour ceux-là, nous avons plutôt tendance à laisser les espaces, sauf quand on peut voir immédiatement qu’ils seront abandonnés à eux-mêmes.

Google ou les lecteurs?

Voici une autre particularité de la langue de rédaction d’un blogue. Tous les soirs avant de se coucher, tout blogueur prie au dieu Google pour qu’il ne l’abandonne pas, pour qu’il dirige les futurs lecteurs vers son site. Mais Google est un dieu exigeant. Pour qu’il pose un regard bienveillant sur le blogueur, ce dernier doit suivre certaines lois non écrites (mais enseignées par les gurus du web) comme : bien identifier l’expression clé que le lecteur potentiel est susceptible d’entrer dans son moteur de recherche; répéter cette expression dans le titre, le premier paragraphe et plusieurs fois dans le billet; utiliser un nombre dans le titre, etc. 

Parfois cela fonctionne bien; d’autres fois ça peut affecter le ton et la lisibilité d’un texte. Quand c’est possible de concilier les deux, nous le faisons (avec un titre comme 6 idées pour transformer la chambre de débarras), alors qu’à d’autres moments, nous ne nous soucions pas du dieu Google (La langue d’un futur simple est écrit pour nos lecteurs habituels; on s’excuse auprès des gens qui cherchaient comment conjuguer au futur simple). Notre billet qui attire le plus de clics sur Google est La peur de recevoir des gens chez soi; ce n’était pas l’intention. Les dieux agissent de façon mystérieuse.

Antidote et les autres outils

Antidote est un puissant logiciel de correction de textes. Conçu par Druide informatique, une compagnie de Montréal, il est utilisé partout dans le monde. Il réunit plusieurs fonctions de base comme l’identification des erreurs grammaticales et un dictionnaire de synonymes. À cela s’ajoutent des outils de révision sophistiqués tels que l’identification de répétitions (si on emploie trop souvent des mots semblables dans un paragraphe), de mots faibles (trop de « faire » ou « être »), et de régionalismes.

Antidote n’est pas infaillible et nous faisons donc appel à des réviseurs bénévoles pour les guides inclus dans nos formations en ligne. De plus, la qualité du texte final dépend du temps que nous pouvons consacrer à l’améliorer. Le principal point faible du logiciel est l’aspect technologique; il peut s’intégrer non seulement à Word et autres logiciels de traitements de texte, mais aussi aux outils de courriels et aux fureteurs web – ce qui est très bon. Mais, à cause de cela, il nécessite des mises à jour qui demandent souvent un petit effort, parfois frustrant, pour reconnecter Antidote aux logiciels.

Voici trois autres outils que nous utilisons souvent; ceux-là sont gratuits :

Termium Plus, la banque de données terminologiques et linguistiques créée par le Bureau de la traduction du gouvernement du Canada

La Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française

Le site du dictionnaire Larousse

Tous ces outils nous aident à trouver le mot juste et, nous espérons, améliorer notre rédaction.

En passant, saviez-vous qu’il y a 21 définitions pour le verbe porter?

Ou qu’il y a quatre façons acceptées d’écrire le mot éclair au pluriel, lorsque combiné avec un autre mot? Nous avons découvert cela en écrivant le guide de notre formation sur la chambre et les vêtements: rondes éclair, rondes éclairs, rondes-éclair, rondes-éclairs.

On ne cesse jamais de découvrir des particularités de la langue française! 

En souhaitant que cet aperçu de l’arrière-scène, que cette petite distraction du minimalisme et du désencombrement, ne vous a pas trop ennuyé.e, nous vous invitons à nous faire des suggestions ou partager vos propres aventures linguistiques dans la section des commentaires ci-dessous.

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4 commentaires

  • J’ai appris beaucoup en lisant votre billet et je vois les défis que vous relevez. Merci d’avoir partagé avec nous les outils que vous utilisez.

  • Merci d’avoir partagé tout ça! La vidéo m’a donné des frissons! J’apprécie beaucoup vos choix, votre style est accessible et professionnel, et il y a toujours la petite touche d’humour qui me met le sourire aux lèvres. On vous y reconnaît pleinement!

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