Encombrement et stress: une étude scientifique

Pièce encombrée avec articles jusqu’au plafond.
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Si vous faisiez visiter votre domicile à une amie, quels qualificatifs emploieriez-vous? 

Voilà le point de départ pour une étude scientifique cherchant à vérifier s’il y a un lien entre encombrement et stress à la maison.

Musique à écouter pendant ou après la lecture de ce billet (il se peut que l’écoute simultanée ne soit pas possible): Loom par Ólafur Arnalds et Bonobo

Dans notre blogue, nous vantons évidemment les bienfaits du désencombrement. Nous le faisons à partir d’expériences personnelles, de commentaires de nos lecteurs et de participants à nos formations, et de la lecture d’autres blogueurs minimalistes. Mais voilà que je suis tombé sur un article scientifique qui associe encombrement et stress. De plus, cet article apporte un début de réponse à une question posée par une lectrice: y a-t-il une différence entre les femmes et les hommes en ce qui a trait au minimalisme?

Par ailleurs, je suis fasciné par les méthodes employées pour les recherches en sciences sociales. Ça demande de la créativité pour trouver une façon de mesurer certains aspects du comportement humain. Dans la section Ressources ci-dessous, j’ai nommé quelques autres billets dans lesquels nous citons des travaux de chercheurs.

Encombrement et stress: les étapes de la recherche 

L’étude a été réalisée en 2008 par deux professeures de psychologie de UCLA (University of California – Los Angeles), Darby E. Saxbe et Rena Repetti, de la façon suivante:

Elles ont recruté 30 familles d’une ville de la côte ouest des États-Unis. Ces familles de classe moyenne comprenaient deux parents qui travaillent à temps plein et deux à trois enfants dont un entre 7 et 12 ans. Elles avaient toutes une hypothèque sur leur maison.

Les parents ont d’abord fourni des détails objectifs au sujet de leur maison (dimensions, nombre de pièces, rénovations, etc.). Ils ont ensuite, séparément, filmé une visite de leur domicile, avec commentaires, à l’aide d’une caméra fournie par les chercheurs. Ces dernières ont donc obtenu 60 vidéos d’environ 15 à 20 minutes.

Puis, dans une période d’une semaine, chaque adulte devait, sur trois jours et à raison de quatre fois par jour, fournir un échantillon de salive pour analyse de cortisol et indiquer son état émotif sur une échelle qui comprenait des adjectifs comme misérable, triste et découragé.

L’analyse des vidéos des visites

Puisque la notion d’encombrement est assez subjective (sauf dans les cas extrêmes où on ne peut plus se déplacer), je trouve que c’est assez ingénieux comment les professeures ont cherché à vérifier le lien entre perception de la demeure et niveau de stress.

Elles ont utilisé un logiciel de reconnaissance vocale pour comptabiliser l’emploi de certaines paroles dans la visite guidée enregistrée. Ces mots étaient regroupés en quatre catégories :

  • Mots qui réfèrent à l’encombrement: désordre, encombré, désastre, désorganisée, etc.
  • Mots au sujet de travaux non terminés dans la maison: à moitié terminé, rénovation, construction, etc.
  • Mots associés à la relaxation: repos, détente, confort, calme, etc.
  • Mots qui réfèrent à l’extérieur de la maison avec l’idée que la nature a un effet calmant: cour arrière, patio, barbecue, jardin, etc.

Si une personne avait énoncé plus de paroles dans les deux premières catégories que les deux dernières, les chercheuses qualifiaient son logement de maison stressante. À l’inverse, si un parent avait dit plus de mots des catégories relaxation et extérieur, elles qualifiaient son domicile de maison réparatrice

Par exemple, si le mari dit pendant la visite des expressions comme « excusez le désordre » et « on n’a pas fini la salle de bain » plus souvent que « nous aimons bien notre cour privée », on qualifiait sa maison comme stressante. Remarquez que son épouse pouvait employer d’autres termes et que dans son cas, ça pouvait être une maison réparatrice. L’encombrement peut être perçu différemment par chaque personne.

L’analyse des niveaux de stress et de l’humeur

Même si c’est imparfait, le niveau de cortisol est souvent utilisé pour mesurer le degré de stress d’une personne. En général, le niveau de cette hormone dans notre corps est au plus élevé une heure après le réveil, puis descend rapidement pour ensuite s’atténuer durant le reste de la journée. En revanche, un niveau de cortisol relativement uniforme du matin au soir est souvent (mais pas toujours) associé à un stress chronique et à la maladie. 

Les chercheurs ont donc voulu vérifier s’il y avait une corrélation entre la perception de la maison (stressante ou réparatrice) et les niveaux de cortisol et une corrélation avec les réponses au questionnaire sur l’état émotif au courant de la journée.

Encombrement et stress: résultats

Les femmes qui percevaient leur maison comme étant stressante (par leur choix de mots dans la visite) démontraient une courbe de cortisol plus uniforme que celles qui décrivaient leur maison comme réparatrice. Ces premières démontraient aussi une humeur de plus en plus négative au cours de la journée. Il y avait donc un lien significatif entre la perception de la maison et un stress potentiellement malsain et une humeur maussade. Cela pouvait contribuer à la fatigue de fin de la journée et une transition du travail à la vie familiale plus difficile.

À l’inverse, les femmes percevant leur maison comme un endroit réparateur démontraient moins d’indications de stress et une meilleure humeur.

Les hommes qui avaient un score plus élevé de maison stressante (en raison du vocabulaire utilisé) avaient souvent indiqué dans le questionnaire que des pièces avaient été ajoutées à la maison. Les chercheuses ne fournissent pas d’explications à ceci. On peut donc spéculer: est-ce un fardeau financier? Ou le désir d’en faire plus?

En revanche, il n’y avait pas de lien significatif pour les hommes entre le type de maison (stressante ou réparatrice) et les courbes de cortisol ni avec l’évolution de leur humeur.

Citation relative à encombrement et stress : L’étude de Saxbe et Repetti a démontré un lien entre encombrement et stress à la maison chez les femmes mais non chez les hommes. Pièce encombrée avec articles jusqu’au plafond.
Photo : Renato Pozaić

Différences hommes – femmes

Selon les professeures Saxbe et Repetti, ces résultats permettent de penser que les femmes sont plus sensibles que les hommes à l’environnement de leur domicile ou ressentent un plus grand sens de responsabilité pour la maison (et peuvent donc, par exemple, vivre plus de culpabilité devant l’encombrement).

Causalité et conclusion

Ce genre de recherche ne permet pas d’établir clairement ce qui cause quoi. Est-ce la maison perçue comme encombrée qui cause le stress et l’humeur maussade ou est-ce que le stress provenant d’autres sources fait en sorte que la maison soit négligée?

Mais, quelle que soit la cause, on a tout avantage à vivre dans une maison que l’on perçoit comme réparatrice, soit pour éviter qu’elle nous stresse ou pour nous aider à nous détendre après une journée de travail.

Je note que cette étude a été faite avant la pandémie. Beaucoup plus de gens travaillent maintenant de la maison. Pour certains, le chez-soi étant maintenant le lieu de travail, il perd un peu de son effet réparateur à la fin de la journée. Cela pourrait faire l’objet d’une autre étude et, dans notre cas, d’un billet sur le désencombrement de l’espace de travail.

Ressources:

Le rapport de recherche des professeurs publié dans le bulletin de la Society for Personality and Social Psychology

Parmi nos billets, en voici quelques-uns pour poursuivre la lecture :

10 signes de tension de la tête aux pieds

La peur de recevoir des gens chez soi

Visible, invisible: l’art de cacher le fouillis

Respecter l’autre dans son cheminement

Et vous trouverez d’autres résumés de recherches en sciences sociales dans nos billets suivants :

The Price is Right: bien gérer son budget (étude sur l’inattention aux prix basée sur une analyse d’un jeu télévisé)

Combien dépenser pour son mariage?  (recherche sur la relation entre dépenses et durée du mariage)

Pensons soustraction (étude sur notre propension à négliger la soustraction dans nos choix)

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2 commentaires

  • Très très intéressant! Pour le plaisir, voici ce que mon mari me dit ressentir quand il entre dans notre maison: le calme, le bien-être, une forme de bonnes retrouvailles, « Home sweet home » ….et je dois dois dire que je partage plutôt son point de vue …la plupart du temps… Il arrive des moments où j’ai besoin de faire des petits ajustements dans mon environnement pour maintenir le fait que ma maison soit réparatrice. Ce sentiment bienfaisant est certainement bonifié depuis qu’on vise la mise en application de plusieurs principes minimalistes et de désencombrement appris dans vos billets et vos formations. Pour ma part, c’est clair que l’encombrement ajoute au stress quotidien.

    • Merci beaucoup, Josée, d’avoir partagé ces exemples concrets de ce qu’on peut lire dans cette étude.

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